La crise de colique néphrétique a une fréquence d’environ un cas pour 200 femmes en cours de grossesse. Le plus souvent celle-ci survient à partir du 3ème mois de grossesse. Dans 3/4 des cas, elle se produit du coté Droit. Environ 20% des patientes ont des antécédents de coliques néphrétiques.
La difficulté chez la femme enceinte est de mettre en évidence un obstacle sur les conduits urinaires car des examens radiologiques (avec émissions de rayons X) sont proscrits compte tenu du risque d’irradiation du fœtus. L’examen de référence est donc l’échographie des voies urinaires qui permet de rechercher une dilatation des cavités rénales, signant ainsi un obstacle en aval sur l’uretère. L’interprétation de cette échographie est néanmoins souvent difficile, en particulier du coté Droit, car il existe souvent en cours de grossesse une dilatation physiologique du tractus urinaire. Cette dilatation physiologique, en général à Droite, est liée à la compression mécanique de l’uretère par l’utérus dont la taille augmente avec la progression de la grossesse et aux modifications hormonales (effet de la progestérone) qui entraîne un relâchement musculaire et diminue le péristaltisme de l’uretère.
C’est pourquoi l’existence d’une dilatation du rein droit au cours de la grossesse n’est pas synonyme d’obstacle par un calcul et rend difficile l’évaluation. Le recours à l’IRM ou au scanner (avec des doses faibles) est réservé aux cas complexes.
La présence d’un calcul dans le conduit urinaire n’est retrouvé que dans un cas sur 1000 grossesses environ.
La prise en charge de la crise de colique néphrétique fait appel à des antalgiques autorisés en cours de grossesse (paracétamol, phloroglucinol, nalbuphine). Les Anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être parfois proposés avant le 6ème mois de grossesse. Les corticoïdes sont peu efficaces contre la douleur.
L’association d’une crise de colique néphrétique avec de la fièvre fait évoquer une pyélonéphrite et impose la mise en route d’une antibiothérapie après avoir prélevé un ECBU. Les antibiotiques autorisés sont alors le plus souvent une céphalosporine de 3ème génération, remplacée par les pénicillines, furanes ou macrolides en cas d’allergie.
Il est parfois indiqué de dériver les urines par la mise en place d’une sonde urétérale dite double J qui permettra à l’urine de contourner l’obstacle, déchargera le rein et évitera le risque de septicémie. Un avis urologique est alors sollicité pour décider d’avoir recours à cette dérivation qui doit parfois être réalisée en urgence. Combinée au traitement antalgique et éventuellement antibiotique, elle permettra d’attendre l’accouchement pour secondairement faire les explorations nécessaires pour visualiser le calcul et procéder à son extraction éventuelle.
Le risque d’une crise de colique néphrétique en cours de grossesse, surtout en cas d’infection associée, est la menace d’accouchement prématuré qui est présente dans environ 30% des cas. C’est pourquoi, la survenue d’une crise de colique néphrétique en cours de grossesse doit conduire à consulter rapidement le gynécologue en charge du suivi de celle-ci et de se rendre à la maternité en urgence pour une prise en charge et une surveillance adaptées.
En cas de crise de colique néphrétique, consultez un urologue.
Docteur Denis Bretheau